Les effets du stress pourraient se transmettre héréditairement
Publiés dans la revue Cell, les résultats obtenus par des chercheurs japonais suggèrent que les effets du stress, s’ils ne modifient pas la structure de l’ADN, modifient en revanche, et de façon transmissible, son ‘emballage’, entraînant des effets sur l’expression du génome, et donc sur la santé, y compris chez la descendance.
Travaillant sur des levures il y a 20 ans, puis sur des mouches drosophiles aujourd’hui, l’équipe de Shunsuke Ishii, du RIKEN Tsukuba Institute (Japon), vient de mettre en évidence, chez ces insectes, la façon dont, dans un milieu ‘stressant’, l’émission de certaines protéines vient altérer un gène appelé ATF-2. Celui-ci, alors, n’assure plus correctement son rôle dans la formation de l’hétérochromatine, l’enveloppe complexe qui entoure l’ADN et en neutralise certaines séquences ‘indésirables’, qui, normalement, ne doivent pas s’exprimer.
Faute de ce ‘masque’ neutralisant de chromatine, ces séquences de gènes peuvent alors fonctionner, avec éventuellement des effets négatifs sur l’organisme. Or, l’altération due au stress subie par le gène ATF-2 est transmissible aux descendants. D’autre part, ATF-2 existe chez les levures, chez la drosophile… mais aussi chez l’homme, qui pourrait donc – de futurs travaux devront le préciser – subir également ce phénomène, dit ‘épigénétique’, avec de possibles implications dans des maladies telles qu’affections cardiaques, diabète ou schizophrénie.
« Il y a [longtemps] eu une grande discussion pour savoir si l’effet du stress peut être transmis à la génération suivante sans modifier la séquence d’ADN. Beaucoup de gens ont émis des doutes sur de tels phénomènes parce que le mécanisme en était inconnu. Nos résultats démontrent maintenant que de tels phénomènes peuvent vraiment se produire. J’espère que les gens comprennent que divers stress peuvent modifier l’expression des gènes sans modifier la séquence d’ADN », conclut Shunsuke Ishii.