Malbouffe et santé

Impact de la « malbouffe » sur la santé
Nicole Avezard

Chaque année en France, la malbouffe provoque trois fois plus de morts que le tabac et cinquante fois plus que les accidents de la route. Elle est en grande partie responsable de 30 % de nos cancers, de nos 500 000 insuffisants cardiaques, de 2 millions de diabétiques et de 8 millions d’obèses.
Cette constatation est effarante et pourtant, bien que cela se sache, les habitudes alimentaires ne semblent pas s’améliorer.

En un demi-siècle, le contenu de notre assiette s’est radicalement transformé.
Aujourd’hui, 80 % des aliments que nous avalons sont industriels.
Souvent trop gras, trop sucrés, trop salés et surtout bourrés de chimie.

Les chercheurs de l’équipe suédoise ont constaté que les adolescents participant à leur étude avaient l’habitude de manger trop vite.

Manger moins vite permet de combattre efficacement l’obésité. C’est ce que montre le mandomètre (appareil indiquant le temps réel la vitesse à laquelle le repas est consommé), un appareil étonnant mis au point par l’équipe du professeur Per Södersten, de l’Institut Karolinska de Stockholm (Suède) et présenté cette semaine sur le site du British Medical Journal. Cette petite balance ronde glissée sous l’assiette et reliée à un ordinateur agit comme une sorte de «mouchard» en mesurant en temps réel la vitesse à laquelle on mange.
Une équipe de la clinique de l’obésité de l’hôpital pour enfants de Bristol (Angleterre), dirigée par le professeur Julian Hamilton-Shield, a étudié l’impact de l’utilisation du mandomètre sur 106 jeunes de 9 à 17 ans en surpoids, comparés à un groupe témoin. Tous étaient encouragés à faire du sport pendant au moins une heure par jour et à suivre un régime équilibré (eatwell plate) défini par la Food Standards Agency britannique.
Les chercheurs ont constaté que les adolescents participant à leur étude avaient pour habitude de manger trop vite. Mais au bout d’un an, ils ont constaté que les utilisateurs du mandomètre ingurgitaient des portions de nourriture moins importantes à une vitesse réduite de 11 %. Surtout, leur indice de masse corporelle (IMC, rapport du poids au carré de la taille exprimée en mètre), qui définit le surpoids (plus de 25) et l’obésité (plus de 30), a baissé en moyenne de 2,1 points. Cette amélioration substantielle s’est même maintenue pendant six mois après l’arrêt de l’utilisation de l’appareil. Ce qui suggère une amélioration à long terme du comportement alimentaire. Autre résultat intéressant : le taux de «bon » cholestérol sanguin (HDL) était significativement plus élevé. Par comparaison, la réduction de l’IMC était trois fois moindre chez les jeunes du groupe témoin, avec une accélération de 4 % du temps mis pour s’alimenter.
«En se focalisant sur la vitesse d’absorption et le volume du repas et en renforçant la sensation de satiété, le mandomètre complète utilement les rares méthodes de lutte contre l’obésité des adolescents actuellement disponibles, sans avoir recours à des médicaments», notent les auteurs de l’étude dans le BMJ.

Mais il n’est pas non plus indispensable de posséder cet appareil pour mettre en place de bonnes habitudes.
Poser la fourchette entre chaque bouchée est déjà une expérience intéressante à faire. Elle permet de prendre réellement conscience de la manière dont on a l’habitude d’ingurgiter les aliments. Bien souvent, nous n’attendons même pas d’avoir fini de mâcher la première bouchée pour en engouffrer une seconde !
Or, il est indispensable, pour que l’organisme assimile et digère mieux l’alimentation, de mastiquer suffisamment pour que la prédigestion se fasse. Il faudrait rendre les aliments presque liquides avant de les avaler…
Ces simples actions, comme celle peut être de servir dans des assiettes plus petites et surtout de ne pas se resservir, peut modifier naturellement les habitudes.
Au delà de çà, l’hypnose et l’apprentissage de l’auto-hypnose va également renforcer la prise de conscience et renforcer notre capacité de s’auto réguler.

Alimentation et apparition du diabète de type 1
On sait déjà que l’obésité et l’inactivité peuvent être responsables de l’apparition du type 2 chez les jeunes. D’ailleurs, on estime qu’entre 10 % et 30 % des nouveaux cas de diabète chez les enfants et les adolescents aux États-Unis sont de type 2.
Une recherche par une équipe suédoise sous la direction d’Austé Pundziuté-Lycka de l’Université d’Umea, parue dans la revue Diabetes Care , conclut que la suralimentation pourrait aussi jouer un rôle dans l’apparition du type 1. Cela permet, en partie, de comprendre l’augmentation du nombre de jeunes atteints de type 1 dans certains pays.
En prenant deux populations de jeunes à risque de faire du diabète, l’équipe a constaté que le groupe qui avait une alimentation comprenant plus de glucides, de gras et de protéines et qui avait aussi un poids par rapport à la taille plus élevé pour son âge courait un risque accru de faire du diabète de type 1 par rapport à ceux qui avait un poids plus faible et une alimentation moins riche en calories.
Dans leur conclusion, les auteurs ciblent tout particulièrement les glucides comme principaux responsables. Une conclusion qui va à contre-courant de tout ce qui a été dit par le passé, comme quoi le sucre ne donne pas le diabète. Les auteurs affirment que le sucrose et d’autres types de sucre dans la même famille ont peut-être un rôle à jouer.

Sources : Le Figaro santé
Plein Soleil – Hiver 2004. Marc Aras, directeur des communications de Diabète Québec.

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