Récompense et sommeil : deux clefs pour un meilleur apprentissage

Pour aider à bien apprendre, récompensez le travail plutôt que le résultat: c’est la conclusion des études de Kinga Igloi, postdoctorante en neurosciences à l’université de Genève et lauréate du Fonds AXA pour la Recherche, qui, à l’occasion de la semaine du cerveau, parle de ses travaux sur le fonctionnement de la mémoire.

La mémoire fonctionne d’autant mieux qu’il existe une perspective de récompense. Des résultats qui pourraient faire évoluer l’approche pédagogique de l’école… et des parents!

Selon vous, récompenser les enfants quand ils ont une bonne note n’est pas la meilleure manière de les faire progresser. Pourquoi?
Mes études montrent que la mémoire est renforcée par la récompense et le sommeil. Il serait donc plus efficace de récompenser un enfant qui fait ses devoirs plutôt qu’un enfant qui a de bonnes notes. Pour bien réviser, il faut bien dormir, évidemment, mais aussi valoriser l’apprentissage en lui-même, et pas seulement le résultat.

Comment en arrivez-vous à ces conclusions?

Nous avons donné des tâches de mémorisation à une trentaine de personnes. Elles devaient retenir des séquences d’éléments. Certaines séquences étaient fortement valorisées, un euro la bonne réponse, d’autres étaient faiblement valorisées, un centime la bonne réponse.

Pour quels résultats?

Dans les deux groupes, les personnes se souviennent mieux des séquences fortement récompensées. Mais les résultats du groupe qui a dormi sont meilleurs que ceux du groupe qui n’a pas dormi. Nous avons également demandé aux personnes de noter la confiance qu’elles avaient dans leur propre réponse. Le groupe qui avait dormi exprimait une meilleure confiance en ses choix. Ces résultats sont les mêmes

Comment l’expliquez-vous?

Nous avons observé l’activité du cerveau des individus pendant le test et pendant la période de sommeil. Les individus qui avaient le meilleur score présentaient un nombre élevé de pics d’activité du cortex frontal (des slow spindles). Cette activité est connue pour être liée à une activité de l’hippocampe, siège bien connu de la mémoire. Nous pensons que nous observons là le passage de la mémoire à court terme à la mémoire à long terme.

D’ailleurs, quand ils donnent une bonne réponse pour les séquences fortement récompensées, les candidats qui ont dormi mobilisent plus leur hippocampe que ceux qui n’ont pas dormi. Toutes ces données tendent à prouver que la récompense d’une tâche favorise sa mémorisation.

Propos recueillis par Olivier Monod, publié le 11/03/2014 à 16:36
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