Spasmophilie : qu’est-ce que c’est?
Le terme « spasmophilie » est généralement utilisé en France pour désigner des manifestations d’origine psychologique caractérisées par des crises de tétanie musculaire qui s’accompagnent d’une difficulté à respirer (sentiment d’oppression, d’étouffement, hyperventilation, etc). En fait, ce terme est très controversé car il ne s’agit pas d’une maladie reconnue dans les classifications médicales, ni en France ni internationalement. Les symptômes de la spasmophilie, de la tétanie ou encore de l’hyperventilation psychogène s’apparentent à ceux présents lors d’attaques de panique. On rapproche la spasmophilie de l’attaque de panique car la spasmophilie « serait une manifestation (parmi d’autres) de l’attaque de panique ». Le concept de spasmophilie est encore assez flou de nos jours, il existe peu de documentation scientifique s’y rapportant1.
Pourtant, pour les personnes qui souffrent de ce type de trouble, les symptômes sont bien réels. En fait, ils correspondent, dans la plupart des cas, à des manifestations d’origine psychologique, en lien avec un stress ou une anxiété, qui déclenchent une hyperventilation (accélération du rythme respiratoire). C’est probablement cette hyperventilation qui, à son tour, entraîne une sensation de paralysie ou tétanie musculaire.
La spasmophilie n’est pas un concept médical. C’est un terme largement employé par le grand public, relayé par les médias, utilisé pour décrire des crises d’angoisse alliant difficultés respiratoires et tétanie musculaire. Derrière le concept de spasmophilie perdure la croyance d’une maladie autonome dont la cause proviendrait d’un désordre biologique (carences en magnésium ou en vitamines D). Le médecin parlera de crise d’angoisse aiguë (attaque de panique) pour qualifier le syndrome que le patient apparentera à de la spasmophilie ou de la tétanie. Les anglo-saxons utilisent également le terme de « syndrome d’hyperventilation » pour désigner les troubles respiratoires qui surviennent pendant la crise d’angoisse.
Remarque :
Il serait faux de dire que les difficultés respiratoires ou les problèmes de tétanie sont toujours synonymes de crise d’angoisse. De nombreuses maladies peuvent causer ce type de symptômes (l’asthme, par exemple), et il est important de consulter son médecin dans tous les cas pour obtenir le bon diagnostic.
Qui est touché ?
Les crises d’angoisse surviennent le plus souvent chez des personnes jeunes (entre 15 et 45 ans) et elles sont plus fréquentes chez les femmes que chez les hommes.
Causes de la maladie
Les mécanismes de la crise d’angoisse ne sont pas très bien connus, mais ils font interagir de nombreux facteurs d’ordre biologique, psychologique, génétique, et cardio-respiratoire. Selon certaines théories, il s’agirait d’une réaction inappropriée ou excessive au stress.Ainsi, différentes situations de peur et d’angoisse (dont celle de ne plus pouvoir respirer) peuvent déclencher l’hyperventilation, qui peut elle-même engendrer certains symptômes, en particulier les vertiges, l’engourdissement des membres, les tremblements et les palpitations2. À leur tour, ces symptômes aggravent la peur et l’anxiété. Il s’agit donc d’un cercle vicieux qui s’auto-entretient.
Évolution et complications possibles
L’anxiété et les attaques de panique ne sont pas graves en tant que telles, mais elles peuvent être impressionnantes, voire traumatisantes, pour la personne atteinte et son entourage. Elles sont souvent associées à une baisse importante de la qualité de vie, et peuvent entraîner des troubles psychiatriques très handicapants comme la peur de sortir, d’être en présence d’inconnus ou de participer à des activités sociales ou professionnelles diverses (agoraphobie secondaire). Chez certaines personnes, la fréquence des crises est très élevée (plusieurs par jour), on parle alors de trouble panique. Le risque de dépression, de pensées suicidaires, de passage à l’acte suicidaire, d’abus de drogues ou d’alcool est accru en cas d’attaques de panique fréquentes3. Cependant, avec une prise en charge adéquate, il est possible de maîtriser cette angoisse et de réduire la fréquence des crises.
Symptômes
Les principaux symptômes de la spasmophilie, tels qu’ils sont traditionnellement décrits, sont :
■ une accélération du rythme respiratoire associée à une sensation d’étouffement, d’oppression, de difficulté à trouver l’air
■ un sentiment de tétanie musculaire, principalement dans les membres supérieurs (incapacité à bouger, fourmillements, picotements)
En fait, les manifestations des attaques de panique peuvent être multiples et variées. Généralement, la crise débute brutalement, de façon imprévisible, et dure 10 à 60 minutes. Elle s’accompagne de nombreux symptômes1, qui peuvent s’ajouter à ceux classiquement associés à la spasmophilie.
On peut retrouver des manifestations psychiques, somatiques, psychosensorielles et comportementales associées de façon variable.
Des troubles somatiques
Ces troubles varient d’une personne à l’autre et d’une crise à l’autre. Ils sont parfois spectaculaires pour la personne qui en souffre et pour les personnes témoins de la crise. Il est important de distinguer ces troubles d’une affection somatique (asthme, troubles cardiaques, etc). Ces troubles peuvent être cardiovasculaires, musculaires, sensoriels, urinaires et respiratoires.
■ des palpitations cardiaques
■ une augmentation du rythme cardiaque (tachycardie)
■ des douleurs dans la poitrine
■ des tremblements ou secousses musculaires
■ des malaises, étourdissements, vertiges
■ des démangeaisons
■ une vision floue
■ des sifflements ou bourdonnements dans les oreilles (acouphènes)
■ des douleurs dans le bas ventre
■ des nausées
■ des sueurs, des frissons
■ un besoin fréquent d’uriner
Des troubles du psychisme
■ une impression de danger imminent accompagnée de pensées angoissantes (peur de s’évanouir, d’étouffer, de faire un malaise cardiaque)
Des troubles psychosensoriels
Lorsque l’angoisse est très intense, il est fréquent d’observer :
■ un sentiment de dépersonnalisation au cours duquel la personne peut avoir des difficultés à ressentir ses limites corporelles ou avoir une sensation de dédoublement corporel.
■ un sentiment de déréalisation. La personne a une vision de la réalité qui devient floue.
Des troubles comportementaux
Plus rares lors d’une attaque de panique, les symptômes comportementaux peuvent revêtir les formes suivantes :
■ une inhibition ou au contraire une grande agitation comportementale. La personne peut vouloir fuir vers un lieu sécurisant ou au contraire se recroqueviller sur elle-même et devenir mutique.
■ de l’agressivité qui peut être dirigée vers les autres ou vers la personne elle-même pouvant aller jusqu’à un passage à l’acte suicidaire
Dans certains cas, les symptômes suivants surviennent en même temps :
■ des diarrhées
■ des maux de tête intenses
Les symptômes s’estompent ensuite progressivement, laissant place à de la fatigue.
Le début de la crise est souvent précédé d’une période où le degré d’anxiété augmente progressivement. La fréquence des attaques de panique varie de une ou deux seulement dans toute la vie à plusieurs par jour.
Personnes à risque
Les personnes les plus touchées sont :
■ les femmes (elles sont 1,5 à 2 fois plus touchées que les hommes)4
■ les jeunes (entre 15 et 20 ans)
■ les personnes ayant des antécédents familiaux de troubles paniques
■ les personnes ayant des antécédents d’abus sexuels ou de maltraitance
Facteurs de risque
Plusieurs facteurs peuvent déclencher les crises de panique ou de spasmophilie. Ceux-ci varient énormément d’une personne à l’autre, et dans de nombreux cas il n’y a pas de facteur déclenchant clairement identifié même si plusieurs études ont montré l’influence d’événements traumatisants vécus durant l’enfance, notamment en lien avec l’angoisse de séparation (peur de se séparer de ses parents)5.
Parmi les facteurs fréquemment retrouvés :
■ un contexte de difficultés relationnelles (divorce, conflit, maltraitance…)
■ un deuil ou une maladie
■ la consommation d’alcool, de cannabis ou de drogue
Certaines situations anxiogènes, comme les transports en commun, l’avion, la foule…
La prise ou l’arrêt brutal de certains médicaments, en particulier certains antidépresseurs.